mercredi 14 novembre 2007

Arche de Zoé : histoire d’un naufrage

Pas facile de résumer une affaire ou on ne commence qu’à entrevoir de nouveaux éléments. Mais on peut se pencher sur le but de cette association et sa vision de l’humanitaire.

Tout d’abord, rappelons les faits : L’arche de Zoé, association à but non lucratif dédiée aux enfants orphelins, annonce une opération d’évacuation de plusieurs centaines d’enfants du Darfour pour les « sauver » et les faire « adopter ».

L’association est actuellement soupçonnée d’avoir voulu transférer illégalement 103 enfants vers la France. Une partie du groupe est actuellement inculpée au Tchad. Ils encourent, au Tchad, entre cinq et vingt ans de travaux forcés.

Je suis allé consulter le site Internet de l’association. Le site est plutôt bien conçu, imagé, documenté mais d’un misérabilisme détonnant. Tout débute par cette vidéo d’introduction sur le Darfour et cette petite phrase, lourde de sens, « Dans quelques mois, ces enfants seront morts. ». Malheureusement, ça fait un sacré bout de temps que des enfants meurt au Darfour et dans d’autres partie du monde.

Beaucoup d’invraisemblances ont pu être constaté dans cette affaire :

- « Les membres de l’association maquillent les enfants en faux blessés de guerre. »
- « Eric Breteau avait demandé à ses coéquipiers de bannir le terme « évacuation sanitaire » et d’utiliser le terme « campagne de vaccination ».

A l’heure d’aujourd’hui, l’ONU a confirmé que les enfants n’étaient pas orphelins et donc non adoptable. Dans ce cas, il est intéressant de se référer à la convention de la Haye :

« Signé en 1993, la convention de La Haye régit les conditions d’adoption d’un enfant étranger. Elle stipule notamment (article 4) que les adoptions ne peuvent avoir lieu que si l’Etat d’origine a établi que l’enfant est adoptable. »


Sont-ce des illuminés, des idéalistes, ignorant ou des voleurs d’enfants ?

Le pilote espagnol déclarait dans la presse il y a peu de temps qu’il considérait les gens de l’association comme des idéalistes naïfs. Malheureusement c’est aussi une représentation de notre société occidentale et des individus qui la constituent. Tout le monde (en occident) trouve ça normal d’aller secourir des enfants africans (du darfour ou d’ailleurs) mais personne s’interroge sur les enfants qui vivent dans cette Europe récemment agrandie. C’est comme si un nouveau marché de la misère était apparu et que le produit en vogue en ce moment était le continent Africain.

Mohammed Al-Haddad l’explique très bien dans l’édition 888 du courrier international :

« Aujourd’hui, certains indices montrent qu’un commerce est en train de se développer autour des enfants pauvres d’Afrique et d’Asie. Parallèlement, dans les pays riches s’expriment des désirs de paternité et de maternité que chiens et chats ne suffisent plus à combler »

L’auteur se pose ensuite la question de l’adoption Nord-sud et Sud Nord :

« Pourquoi le marché mondial de l’adoption ne fonctionne t-il pas correctement. Un Africain ou un Asiatique, fût-il riche, ne pourra jamais adopter un enfant européen ou américain fût-il orphelin. »

Et le journaliste du messager (quotidien camerounais), Shanda Tomne, essaye avec cette affaire de comprendre la raison que pousse certains occidentaux à s’improviser héros de la lutte contre la pauvreté et à stigmatiser le continent Africain comme le réservoir de tous les maux du monde.

Il explique dans l’article : « (….) Mais, et c’est édifiant, on cherche aussi, pour comprendre, pour cadrer, pour dompter la misère, à donner une couleur aux souffrances, à affecter une religion à la pauvreté et même à inventer une génétique de la violence (….) Le monde ne parle plus que de nous, de l’Afrique. Le monde ne voit plus que nous comme le problème, la honte éternelle de l’espèce humaine, l’humiliation des continents, la source de toutes le maladies (….).


Mais on peut aussi se poser la question de la réglementation en matière d’adoption en Afrique. Est-ce que tous les pays du continent sont-ils capable d’organiser juridiquement leurs propres système d’adoption sans que chacun puissent se targuer d’avoir une affaire arche de Zoé dans leurs contrées.

On est encore loin d’avoir toutes les réponses concernant cette affaire mais celle-ci aura au moins permis de s’interroger sur certaines zones d’ombres autour de l’adoption notamment.
Maintenant, il faut espérer que les ONG qui font leurs travails ne soient pas stigmatiser par les différentes populations à cause d’une brebis galeuse. La seule brebis qui n’a peut être pas pu rentrer dans l’arche de notre Noé biblique.